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Notes de lecture
Notes de lecture
18 avril 2008
René Girard, Achever Clausewitz
Paris, Carnets-Nord, 2007.
La lecture de Clausewitz par René Girard est meilleure que celle de Raymond Aron et pénètre plus avant dans la pensée théorique du duel, de la montée aux extrême et de l’action réciproque, tout en comprenant ce qui dans Clausewitz décrit l’asymétrie de l’attaque et de la défense comme une fausse polarité. Mais il n’examine pas du tout ce qui dans Clausewitz attribue à la réciprocité des actions toujours asymétriques la vertu de pousser aux extrêmes et/ou de redescendre vers la suspension de l’acte de guerre et la paix. La passion des peuples pour la guerre n’y est pas plus forte que la passion des peuples pour la paix Il rappelle que Clausewitz donne à l’attaque seulement l’apparence de l’entrée en guerre qui n’existe de fait que par la défense fondant la réciprocité du duel. Mais si la guerre est toujours continuation d’une politique c’est aussi parce que la politique est toujours aussi la pensée de l’autre comme sujet. Il s’ensuit que toute attaque qui ne pense pas d’avance la défense de l’adversaire manque de stratégie et de politique et s’enfonce dans l’empirisme tactique et la pure destruction. (cf Iraq).
Mais René Girard lui se sert du duel clausewitzien pour dire autre chose, pour en faire un outil de sa représentation fantasmagorique de la fin du Monde. La lecture de Clausewitz n’ajoute rien en fait à son prophétisme apocalyptique tandis que la lecture du prophétisme apocalyptique de René Girard ajoute quelque chose à Clausewitz : le fait que sa pensée en est indemne et demeure celle d’un homme des Lumières, malgré sa passion prussienne pour et contre Napoléon. Si bien que ce livre ferait mieux de s’appeler « achever René Girard » ou même « fin du monde » .
Sa publication confirme le fait historique que, chaque fois qu’une puissance militaire croit parvenir à l’Empire du Monde, des formes de stratégies délirantes s’emparent des « empereurs » et des « papes » et les fait tomber dans le prophétisme ou la piété mystique à la recherche d’un dieu de la paix restant dieu de la guerre. En compensation du délire baptiste du Président Bush (et des délires prophétiques de Ousama BinLaden, calife d’une Umma sans Dar ) et des dérives théistes qui s’emparent des souverains secondaires, on voit donc apparaître aujourd’hui, brochant sur le tout, la théostratégie finaliste de René Girard proclamant à sa manière la seconde venue du Christ.
Pour lui, cette fin des temps s’annonce avec la fin de la guerre froide nucléaire , la forme maximum et paradigmatique du duel global, et le monde de la suite celui de l’effondrement de l’URSS, ne peut plus être qu’une décomposition satanique.
Elle rend transparente sans doute, la « dénonciation par le Christ des mécanismes sacrificiels » et la présence « du Christ qui n’en finit pas d’irriter la violence des puissances » Mais ce prophétisme qui cherche, en se greffant de manière critique sur la pensée abstraite de la guerre et de la paix politique, tend à rendre toute politique proche d’une entreprise démoniaque et donc tout artisanat de paix et d’organisation de la compassion, une lumière inutilisable à la fin des temps.
« Cette montée vers l’apocalypse est la réalisation supérieure de l’humanité. Or plus cette fin devient probable moins on en parle. J’en suis venu à un point décisif celui d’une profession de foi plus que d’un traité stratégique, à moins que les deux mystérieusement s’équivalent dans une guerre essentielle que la vérité livre à la violence » (p. 364 et dernière) Il faut le lire même sans y croire.
Alain Joxe
Bruno Carré, Pouvoir et sécurité. Regard d’un économiste sur la puissance du Royaume-Uni.
L’Harmattan, Paris, 2007, 244 pages.
L’ouvrage de Bruno Carré ancien attaché commercial à l’ambassade de France à Londres recoupe les questions stratégiques essentiellement par ses trois derniers chapitres consacrés à la politique de défense du Royaume-Uni, à sa politique d’acquisition et aux méthode de financement . L’auteur présente de manière détaillée la situation des entreprises britanniques et des entreprises exerçant sur le sol britannique. Ces présentations s’appuient sur un volume significatif de données chiffrées, toutefois, les graphiques qui accompagnent ces données souffrent d’une taille réduite et d’une qualité médiocre qui les rend peu lisibles (page 179 sur une demi-page un diagramme représentant les interconnexions entre 52 firmes européennes ...). L’auteur analyse les politiques menées au Royaume-Uni depuis le lancement de la politique de privatisation menée par sir Peter Levene au début des années quatre-vingt, en montrant que cette privatisation n’a pas fait réduit à rien « le fait du prince » autrement dit le pouvoir politique.
On regrettera qu’une relecture de l’ouvrage n’ait pas été faite qui aurait permis de faire disparaître quelques erreurs mineures : la conférence de Nassau a lieu en 1962 pas en 1964 (page145) et l’hypothèse d’un baril de pétrole à 45 dollars en 2008 (page 165) est bien crédible De même on aurait souhaité une présentation plus lisible de la bibliographie (pages 234-241).
Mais on lira avec intérêt le chapitre 7 sur les « besoins et les méthodes de financement des investissements de défense » qui fait notamment un bilan de l’IFP (initiative de financement privé) en montrant que si l’IFP permet à l’Etat d’étaler les paiements, il constitue en même temps, « un endettement à peine déguisé qui grève le budget de l’Etat pour les décennies à venir ». Ne serait-ce que pour ce chapitre l’ouvrage est utile.
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